Pour une école de l’égalité et de la réussite !

La coopérative des idées a pour objectif de croiser les expériences, les analyses, les regards de spécialistes et des experts du quotidien que sont les habitant.es de Seine-Saint-Denis.

C’est dans ce cadre que nous avons organisé, en présence de 60 personnes, la coopérative du 6 mars à Noisy-le-Sec avec Jean-Yves ROCHEX chercheur émérite, Rachel SCHNEIDER, FSU-SNUipp, Benoît TESTE, secrétaire général de la FSU et Stéphane PEU, député de la Seine-Saint-Denis (rapport parlementaire 2024 disponible sur le site de l’Assemblée nationale).

L’analyse des conséquences du vent de tempête qui traverse l’éducation nationale, des propositions pour construire une autre école, celle de l’égalité et la réussite, ont été au cœur des débats.

Une soirée entre constats et l’exigence de moyens pour l’éducation !

Bien évidemment, le puissant mouvement revendicatif unitaire des acteurs et actrices de l’école publique, a été la toile de fond de cette soirée.

Des syndicalistes de la FSU, d’Educ-action CGT du 93, présent.es dans la salle, ont expliqué le fond du mécontentement et leur volonté de s’opposer au tri social des élèves, leur refus du « choc des savoirs», leur mobilisation pour obtenir un plan d’urgence pour la Seine-Saint-Denis ainsi que la rénovation des bâtiments dégradés:

  • 358 millions d’euros pour permettre la création de 5 000 postes d’enseignants et un peu plus de
    3 000 postes de vie scolaire,
  • seuil à 20 élèves par classe,
  • réfection des établissements vieillissants,
  • une formation des enseignants à la hauteur des enjeux, et un plan spécifique pour les contractuels …,
  • la nécessité de ce Plan d’urgence est validée par le rapport parlementaire présenté par Stéphane Peu et Christine Decodts, députés.

Un objectif commun: l’école publique a le devoir d’assurer la réussite de tous les élèves.

Un constat alarmant, un élève de Seine-Saint-Denis perd en moyenne 1 an de scolarité par non remplacement d’enseignants sur l’ensemble de son cursus.

Les dernières évaluations PISA, mettent l’accent sur la forte augmentation des écarts entre élèves. L’école française aggrave les inégalités. Tout y est dégradé pour répondre à une société clivante faite de perdants et de gagnants.

La France est le pays le plus inégalitaire des pays de l’OCDE. Or, les pays qui ont les résultats les plus performants sont les pays les moins inégalitaires.

Il y a bien un lien entre justice sociale, égalité et efficacité:

la Seine-Saint-Denis est un miroir grossissant des difficultés de notre système éducatif et de son caractère inégalitaire.

Comme l’a souligné Jean-Yves Rochex, ce qui frappe, c’est le mépris de classe du pouvoir politique, c’est son mépris de l’expérience professionnelle, c’est aussi son mépris des savoirs.

La rupture d’égalité, soulignée par Benoît Teste, s’illustre dans le premier degré par une réécriture des programmes, comme l’a démontré Rachel Schneider, avec un pilotage par des évaluations nationales standardisées, normatives, une pédagogie d’État transformant les enseignants en exécutants chargés d’appliquer des protocoles. Les élèves ne peuvent que souffrir de cette politique éducative.

Au collège, ce que le ministre appelle le « choc des savoirs » se traduit par la mise en concurrence des élèves, le tri social, avec la perspective à court terme de la fin du collège unique et des objectifs différents en fonction des groupes. Dés 2025, l’obtention du brevet des collèges deviendra obligatoire pour accéder à la classe de seconde du lycée.

Au lycée, avec Parcoursup, les filières… le bac ne permet plus l’accès direct à l’université. Les lycées professionnels par ailleurs voient leurs temps d’enseignement diminuer au profit des stages en entreprise. A la fin, le puzzle se construit pour une école adaptée au projet de société libérale.

L’école creuse le séparatisme social à travers un système éducatif fondé sur une fragmentation croissante, sur l’individualisme, la performance de l’élève. Il n’y a plus d’objectifs communs pour tous. La démocratisation n’est plus à l’ordre du jour.

Une forte dégradation de l’offre éducative pour les plus fragiles est organisée alors que l’espérance sociale est décuplée dans les milieux populaires, comme l’a dit avec force Stéphane Peu. C’est la marchandisation qui devient la règle s’inscrivant dans la logique de l’offre et la demande.

On peut dire que nous sommes à un point de bascule:

Soit la société sera de plus en plus clivée et l’école fondée sur le tri social,

Soit l’objectif du progrès social l’emportera … en partant du principe que tous les enfants sont capables d’apprendre si les apprentissages prennent sens pour eux.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, en 1947, dans la dynamique du Conseil National de la Résistance, avec une visée émancipatrice,est élaboré un véritable plan révolutionnaire pour l’école et la société, le plan Langevin- Wallon. Ses principes gardent toute leur actualité en tenant compte des avancées de la recherche :

« Le premier principe est celui de justice. Il offre deux aspects complémentaires: l’égalité et la diversité. Tous les enfants, quelles que soient leurs origines familiales, sociales, ethniques, ont un droit égal au développement maximum … »

Une belle base de travail pour une école de l’égalité et de la réussite! Ensemble, on s’y met !